lundi 28 avril 2008

JEAN-CLAUDE BOURGEOIS /III


PEINTURE

BOURGEOIS "DE LA COMTÉ" / III


L'ATELIER

C'est le troisième épisode d'une interview réalisée avec le peintre Jean-Claude Bourgeois, chez lui à Bois Vieille, en Franche-Comté. L'artiste évoque son atelier, sa peinture, une technique de va-et-vient entre ses couleurs et l'air du temps. L’odeur, la térébenthine... et le vent dans les branches, des clarines retenues, le cri d’un enfant qui change tout... le souffle du monde discret. Une toile comme la preuve tangible d’un « passage », le gué feutré à l’intersection de l’âme sensible et du monde visible. Voilà le mystère, le miracle. Une « photographie surexposée ». L’œuvre comme l’instant fragile d’une lumière à son apothéose. Le Kairos d’une profondeur mélancolique.
Néon™


LE MODÈLE DANS L'ATELIER / © JC BOURGEOIS

RESSEMBLANCE / © JC BOURGEOIS




BOURGEOIS "DE LA COMTÉ" LE FILM (ÉPISODE III)



BOURGEOIS "DE LA COMTÉ" (ÉPISODE III) / NÉON™ 2008





VOIR LE PREMIER ÉPISODE

VOIR LE DEUXIÈME ÉPISODE

VOIR L'INTRODUCTION


LE QUATRIÈME ET DERNIER ÉPISODE, PROCHAINEMENT SUR NÉON™



Le nouveau site des amis de Jean-Claude Bourgeois



vendredi 25 avril 2008

DÉSIRÉE DOLRON



PHOTOGRAPHIE



DÉSIRÉE DOLRON / "X TÉRIORS"


Qui peut aujourd’hui, définir exactement la photographie ? Ce procédé... L’enregistrement d’un instant du réel, ce moment, « l’instant décisif » répétait Cartier-Bresson ; un reportage, un document véritable, tragique. Une preuve irréfutable, judiciaire de la vérité réelle, tangible. La photographie comme la captation d’un paquet de photons dans un carcan formel, l’onde et la matière réconciliées, reconstituées ; un conciliabule figé de particules élémentaires coagulées, l’étrange sabbat pétrifié d’un peu de poussière d’étoiles échouées sur du papier glacé ; une danse rituelle de corpuscules magiques, arrêtés, net, à minuit pile ?... À chacun sa photographie... À chacun son origine du monde sensible et ses histoires d’amour démodées. À chacun sa vitesse d’obturation dans le grand bain d’argent et sa durée d’exposition au soleil de plomb. L’art des photographes est aujourd’hui multiple et soluble dans toutes les formes de digressions. L’art... du photographe, une technologie accessible à tous, l’art populaire, l’art démocratique, « l’art moyen » disait Bourdieu dans les années soixante. Mais de quelle photographie parlions-nous ?

Celle de Désirée Dolron par exemple, dans une série intitulée « Xtériors », s’accommode d’une technique picturale empruntée à la peinture flamande des siècles passés grâce à une machinerie numérique que l’artiste maîtrise à merveille. Des portraits... des instants de grâce d’une lumière géniale étalée sur l’épiderme du monde et à la surface de ses modèles féminins d’une beauté saisissante. Désirée Dolron restitue plutôt qu’elle ne capte, l’artiste ne saisit rien, n’intercepte d’aucune manière une production naturelle, mais post-produit des crises d’éclairage intérieur qui nous illuminent d’un mysticisme éclatant. Sa technique est parfaite, exemplaire, irréprochable... mais là n’est pas l’essentiel. Son jardin est celui de Petrus... celui de Jan van Eyck, de Rogier van der Weyden ou plus tard de Vermeer...


Xtériors VI

Xtériors XIII


PETRUS CHRISTUS / PORTRAIT OF A YOUNG WOMAN (LA JOCONDE DU NORD) 1446.


Une symboliste au cœur transi. Désirée Dolron se rapproprie la magie des grands maîtres hollandais, celle des derniers gothiques.

Xtériors XII


Xtériors IX

Sa lumière est hallucinée ; son cadre, intransigeant, austère, politique. Oui, car prenez l’exemple de cette scène intitulée : Xtériors VIII. Et demandez-vous s’il vous faut plutôt reconnaître « La mort de la vierge » (celle d’Hugo van der Goes peut-être...) ou bien ces « Lamentations sur la mort du Christ » (une fresque de Giotto). Le personnage principal est androgyne, imberbe, trop jeune peut-être pour que l’on sache vraiment, ou « inverti », proustien. Prenez aussi Rembrandt, et sa « Leçon d’anatomie... » Qui est qui, qui manipule qui ? Je pensais encore à cette photographie de Georges Mérillon (world Press 1991). Sa Veillée funèbre au Kosovo.

Xtériors VIII

Désirée Dolron ravive le principe du sfumato dans la forme et surtout dans sa manière de restituer les corps. La limite, floue, des contours mystérieux, imprégnés par la profondeur de l’ensemble, le secret des masses, abandonnées.
Néon™




mercredi 16 avril 2008

BESANCOURT





CINÉMA / FESTIVAL DE COURT-MÉTRAGES


MANIFESTATION FORTEMENT RECOMMANDÉE PAR LE JOURNAL DE NÉON™


LE FESTIVAL "BESANCOURT"

LES 23 ET 24 MAI À BESANÇON
AU CINÉMA LE KURSAAL


La première édition en 2007 fut un délice. La présence de Raphaël Jacoulot par exemple... le réalisateur de "Barrage". (un ancien élève de l'école des Beaux arts de Besançon avant d'intégrer le département réalisation de la Femis et de tourner "La lisière", son premier film, un court-métrage...)


BARRAGE / RAPHAËL JACOULOT


Vingt quatre films pour une première compétition de court-métrages (fictions ou documentaires) provenant de 5 pays. Pas mal pour un début ! Franck Labourier dans son costume de cérémonie tout neuf ; un président ravi de parler de ce qu'il aime devant un public qui essuie les plâtres, comme on dit. Au hasard, le cinéma "amateur", une particularité de ce tout jeune festival (et sans aucune malice de ma part, je vous assure !) La présence d'une toute jeune cinéaste, Ariane Panagopoulos pour ses "Ombres et lucioles"; une régionale de l'étape comme le jurassien Christophe Ferrux, et son superbe "indien", une perle du genre ; prix du documentaire dans la catégorie professionnelle.
Je me souviens avoir retenu cet "âme du cochon" de Mathias Papigny, Un film formidable primé chez les amateurs. Le film manquait certes de professionnalisme justement, d'angles bien visés, de raccords bien ajustés, mais c'est tout ce qui faisait le charme si particulier de cette tranche de vie si tangible dans le Haut-Doubs. Un cochon, la dextérité dans le verbe d'une bande de paysans ravis de trucider la pauvre bête, et leurs drôles de manières de parler d'argent face à une caméra de cinéma. Le cochon... Un thème rabâché, mille fois pillé par les efforts désespérés de la télévision régionale pour se rapprocher toujours plus près de chez vous ! Mais cette fois, était la bonne... juste le bon moment, la meilleure prise de tous les temps ; le kairos du cochon pendu pour faire pleurer de rire les "amateurs". La caractéristique, oui, de ce festival de poche. Et permettez-moi juste cette courte citation d'Orson Wells qui disait à ce propos de ces "amateurs" : Lorsqu'il te semble que tu deviens vraiment professionnel, il est temps de changer de métier", disait Monsieur Wells. Sacré Orson !

Et c'est reparti pour une deuxième édition. Une trentaine de films et quelques sous supplémentaires pour mettre les petites boites de pellicules dans les grandes.

Début des hostilités le vendredi 23 mai à 19H 30 avec une heure et demie de projection hors compétition. Parmi eux : « Le Mozart des Pickpocket » de Philippe Pollet-Villard (César du meilleur court-métrage / Prix du Public et Grand-Prix à Clermond-Ferrand / Oscar du meilleur court-métrage…), mais aussi « Squash » de Lionel Bailliu...


"LE MOZART DES PICKPOCKET" DE PHILIPPE POLLET-VILLARD (EXTRAIT)

VENDREDI 23 MAI (19H30)
Ouverture du festival et début des projections.



SAMEDI 24 MAI (9H30 à 18H 30)
projection des 25 films en compétition.


Remise des prix (à partir de 21H30)
Les films des lauréats (cinq films au moins) seront à nouveau projetés.


VOIR LE SITE DU FESTIVAL

vendredi 11 avril 2008

NEON™ À FLORENCE


VOYAGE / FLORENCE

La méduse / Le Caravage


TONY™ PROFITE DES PREMIERS JOURS DU PRINTEMPS POUR FAIRE UN DÉTOUR PAR FLORENCE, DISCUTER BOULOT AVEC BOTTICELLI. (UN MANUSCRIT À REVOIR ET SA BELLE CHLORIS QUI L'ATTEND SUR UNE TERRASSE DE LA PIAZZA DELLA REPUBBLICA).


La naissance de Vénus / Botticelli, v. 1485 (Galerie des Offices - Florence)

Après la Lituanie, l’Iran... un détour pictural par le Mexique, une manière un peu rapide de traverser Madrid avec une caméra de télévision encombrante à la place des yeux ; Néon™ fait un détour par Florence à cause d’une toile de Botticelli, d’une pietà de Giotto à la galerie des Offices, et d’un moment sur terre où Tony™ doit retrouver la trace de Chloris. (NDRL.Tony™, le type est écrivain et bosse un peu pour Néon™). Le printemps en Toscane avec les couleurs de Sienne dans ses yeux à elle ; ses chevilles sublimes

Le printemps / Botticelli, 1480 (Galerie des Offices - Florence)

dans une paire de talons vernis d’une grande marque italienne, ses cheveux teintés de caramel blond sous la statue de Persée (un bronze de Cellini vautré dans la lumière des flahs des passants étrangers).

Persée / Cellini, 1554 (Loggia dei Lanzi - Florence)
Photo © JL Gantner

La retrouver elle (c’est uniquement pour ça que Tony vient de se taper plus de six cents bornes à bord d’une caisse française sans âge qui fait tâche au milieu des Alfas flambant neuves. Et Tony aurait bien sûr préféré faire le voyage en Giulietta ou derrière le pare brise d’une 33).


La retrouver elle, à l’endroit précis des portes du paradis. Elle, et son ventre... son corps tout entier dans la lumière jaune de la cathédrale Santa Maria del Fiore. Un ciel magnifique capable de tout pardonner sous la coupole de Brunelleschi ;

Détail de la coupole de Brunelleschi / © JL Gantner

strate après strate, des couches de sédiments divins dans la liturgie d’un type un peu largué dans sa vie à lui. Vingt ans, tout un roman à reprendre pour Tony, la quarantaine maintenant franchement dépassée. Les pages écorchées d’un manuscrit resté en plan à la page d’un tableau peint dans plus pure facture de l’école toscane.

Dante et les trois royaumes - Huile sur toile/ Dominico di Michelino , 1465 (Duomo (Florence).

Une certaine idée d’un printemps dont « elle et lui » s’étaient promis qu’il durerait toute une vie. Chloris et une espèce de Mercure en pleine débâcle dans son éther d’amour délabré. (Le printemps, mais dans une région de l’est de la France par exemple !) Le souvenir de Chloris, incapable de se tenir droite dans le tumulte d’un tas de courants d’air. Chloris, si légère face aux masses d’airs, Chloris, pourtant si jolie sous l’effet des coups de vents. Tony, décapité ; sa carcasse d’Holopherne trahi, abominablement berné par la belle Judith. (Le type se souvenait d’un voyage à Rome où il était resté des heures entières sous la toile du Caravage avec un bouquin de Paul Auster pour essayer de tout déchiffrer des laborieux mécanismes de l’âme humaine et des histoires d’amour un peu fortes qui enrayent tout).


Judith décapitant Holopherne / Le Caravage 1598 (Rome)

Alors voilà, Tony, le type, Holopherne... avait refilé rendez-vous avec Judith/Chloris/Elle... sur la place della Signoria, à Florence, pour une sorte de grande explication qui servirait de dernier chapitre au beau tableau brossé dans le style renaissance. C’était, pensa Tony, le moment tout indiqué ; vingt ans tout juste après le début de leur liaison. L’instant propice, le kairos d’un grand chambardement annoncé et tout à fait indispensable pour continuer de survivre encore quelques temps dans le noir hertzien, et sans programme de télévision pour essayer de prédire les nuits qui s’enchaînent dans un bouillonnement d’étoiles filantes au rabais.

Le Ponte Vecchio sur l'Arno, Florence / © JL Gantner

Florence... Le côté Ponte Vecchio de Florence et ses centaines de touristes, l’estomac blindé de tartes italiennes arrosé de mauvais Chianti qui cherchent où pisser après une visite un peu rapide du palais Pitti, les jardins Di Boboli. Ce côté-là de la capitale toscane, ou bien le café serré à la terrasse du Paszkowski sur la Piaza della Repubblica juste au début du mois d’avril pour écouter les silences parfumées de Flore lui couler dans la gorge sans personne pour gommer l’état du ciel limpide. Elle, Flore/Chloris/Judith/Elle... « ma Beatrix... et ses seins ficelés de lauriers. Elle et ses armées sous ses ongles, ses anges maléfiques sur sa peau dorée ». Elle et Tony se sont retrouvés là, des tas de secondes épaisses avant de pouvoir déceler l’ébauche finale d’une mystérieuse allégorie. L’histoire d’Hylas enlevée par les nymphes et revenu d’entre-elles pour retrouver Vénus et sa guirlande de fleurs étincelantes en salle 14 des Offices.

Hylas et les Nymphes / John William Waterhouse, 1896 (City art gallery - Manchester)

Hylas extirpé du marais aux amibes pour goûter le dîner d’or sous la langue d’une Aphrodite apaisée. Chloris piqua un fou rire face à l’entrain, l’allant, la tentative de lyrisme de son écrivain préféré, marchant, ou plutôt cavalant à son adresse toute neuve. « Scusi, L’addition, the bill per favore », largua Tony, mélangeant tout des langues modernes et de son baragouin mythologique indéchiffrable. Chrloris/Flore... ria de plus belle. Des années qu’elle n’avait pas ri comme ça. Alors Tony se mit à psalmodier, les bras tendus vers le ciel : Je suis un écrivain moderne, je suis un écrivain moderne, répéta-t’il. Je suis un auteur post-moderne, hurla Tony, les yeux renversés. Je suis un poste moderne, un putain d’écran multifonctions pour servir au monde moderne de bureau des pleurs... Je suis le fonctionnaire des postes nouvelles, j’informe des formes, des nouvelles formes chancelantes ; je suis le facteur des mots de travers. J’achemine le courrier des âmes retournées, les lettres d’un monde timbré. J’enfonce, je tranche vos boîtes aux lettres, j’extirpe le glaive de mon fourreau jaune et tranche dans le vif vos coffres étroits, vos cassettes de souvenirs pétrifiés. Je brise vos écrins corrompus, arrache vos rubis pour nourrir ma froide administration, mon Leviathan.

David / Michel Ange (détail)

L’attroupement bouche bée, acclama le prince de la diatribe, le roi du libelle... requérant d’en entendre encore ; payant même de quelques pièces comme à la foire, offrant de s’acquitter de la noce toute entière au prix fort pour continuer d’applaudir aux flèches du messager céleste et à la beauté divine de sa dame de coeur. Elle et lui s'en furent sans demander leur reste, laissant pour compte la bande de touristes et leurs bourses aguicheuses ; traversèrent l'Arno pour se perdre chez les restaurateurs de cadres anciens, furetèrent un endroit dérobé, une porte cochère indulgente pour s’embrasser les lèvres, s'effleurer les cuisses aux embrasures ; se perdirent en conjectures à propos d’une moisson de pietàs gothiques dont il sauraient dorénavant récolter les fruits dans l’or véritable de leur existence réciproque, se promirent d'aller un jour à Sienne comprendre où en était resté Byzance au départ de Giotto. Il fit nuit assez vite ce jour-là au bord du fleuve de l'Apennin, Deux corps équivoques mêlés aux roseaux dans un liquide sucré, peut-être un Barolo vieux de vingt ans...


Vénus et Mars / Botticelli, v. 1483 (National Gallery - Londres)

Une scène de baise guidée par le voyage d'une planète capricieuse. Mars assoupi. Le plan de Vénus pour se réconcilier avec la terre. Vénus sortant de l'onde, prête à épouser toutes les faiblesses du monde terrestre pour continuer de lui plaire. Il fut aussi ce vide sidéral juste après. Le ciel si clair, transparent. Tony, à fond sur la pédale d'accélérateur de sa Spider, droit vers la mer. Chloris qui dormait sous les cyprès en flou alterné d'une image de vierge florentine dans les nuages récalcitrants. Livourne, Gênes, Turin, Aoste et puis la Suisse sous le Mont-Blanc... Le paysage sous les Alpes à mille kilomètres à l'heure pour voir la jupe de Chloris se soulever.


La sainte famille / Michel Ange ,1508 (Galerie des Offices - Florence)


Je crois lui avoir dit que je l'aimais. Elle, ses yeux et sa jupe relevée. Chloris et sa paire de pompes toutes neuves pour frimer dans son 35 malgré tout ce qu'elle aimait marcher, des heures entières accrochée à mon bras pour arrêter de déraper. (À suivre)
Tony™





jeudi 10 avril 2008

NEON™ ET LOULOU À FLORENCE



LES VOYAGES DE LOULOU...


LOULOU À FLORENCE (ITALIE)



JOURNAL...

"C'était au mois d'avril. Chez nous il pleuvait, alors on a décidé de passer le tunnel sous le Mont-Blanc pour voir si le temps était plus beau en Italie. On a roulé très longtemps en voiture jusqu'à Florence, dans une région qu'on appelle la Toscane. J'ai dormi à l'hôtel et on a été manger au restaurant. Le lendemain, j'ai commencé de me promener dans le centre-ville que je ne connaissais pas. J'ai marché toute la journée pour voir des monuments, des sculptures et des peintures. La ville est magnifique, des oeuvres d'art partout. Des portes en or, des palais, des chapelles, des églises et des magasins de chaussures ; des fontaines décorées, des jardins... Florence était la capitale de la Renaissance. Tous les plus grands artistes de cette époque travaillaient pour faire de Florence... "la plus belle ville du monde".


Je suis entrée à la cathédrale Santa Maria del Fiore (Duomo) parce que papa voulait photographier la coupole peinte par Brunelleschi. Le monument est tout en marbre, il est gigantesque. Après, on a encore marché pour traverser le Ponte Vecchio et faire des photos avec maman. C'est un pont très célèbre de Florence.


C'est drôle parce que des maisons et des magasins sont construits dessus. Le pont enjambe l'Arno, un fleuve qui descend de la montagne. L' Italie est bordée par la mer, mais c'est aussi un pays plein de montagnes. Ensuite, je me suis promenée dans le quartier des antiquaires où des artisans réparent des très vieux meubles et des tableaux usés. Je me suis reposée dans le jardin Di Boboli, à côté du palais Pitti, et j'ai acheté une poire chez un marchand qui vendait plein de fruits dans la rue.

Le lendemain, j'ai visité la galerie des Offices. C'est un grand musée qui contient des oeuvres d'art très anciennes, des peintures réalisées avec de l'or. Elles représentent des scènes de la religion chrétienne (des tas de Jésus et la Vierge Marie...) Dans une grande salle au milieu du bâtiment, On peut voir Le printemps et la Vénus de Botticelli. (C'est un peu à cause de lui qu'il y a beaucoup de touristes qui visitent Florence) Léonard de Vinci, Raphaël, et puis Le Caravage aussi. Des très grands artistes. Beaucoup de peintures représentent des animaux, des chevaux, des moutons, des oiseaux, des lions...


Un soir j'ai mangé sur une terrasse de la place Della Signoria. Il faisait nuit et tous les monuments étaient éclairés. C'était très bon. Après, j'ai aussi pris une glace à la vanille, les italiens les font très bien parce que ce sont eux qui les ont inventées.



(LE FILM EST RÉALISÉ À PARTIR D'UN TÉLÉPHONE PORTABLE)

LOULOU À FLORENCE
© 2008 NÉON™


Comme je voyais des choses très intéressantes, j'ai demandé à papa que l'on fasse un film avec son appareil photo et son téléphone. Comme ça, je me suis dit que je pourrais raconter mon voyage à mes copines et à mes copains en rentrant de vacances.

Ce que je préfère à Florence, ce sont les chevaux sur la piazza Della Signoria. Il y en a beaucoup qui promènent les touristes à travers la ville.

J'ai mangé des pizzas et beaucoup de pâtes à la sauce tomate, mon plat préféré avec les glaces. Bon, voilà, maintenant, il faut que je retourne à l'école. J'ai un exposé à finir avec Mona sur les renards".

Loulou et Néon™

mercredi 2 avril 2008

L'ATELIER DE JULES™ / I



ART PLASTIQUE


L'ATELIER DE / JULES™
(DES LIGNES™ À SUIVRE, DE LA MATIÈRE NOIRE À BON PRIX,
ET DES ÉTIQUETTES BLEUES POUR TOUT EMPORTER)


"LA LIGNE DE SECOURS"
ENCRE ET ACRYLIQUE SUR PAPIER SCANNÉ AVEC MONTAGE DIGITAL


VARIATION AUTOUR D'UNE IDÉE BLEUE (ACRYLIQUE, ENCRE DE CHINE ET CAFÉ). OU POUR TOUT DIRE : UNE IDÉE NOIRE AU DÉBUT, ET L'INCRUSTATION PROGRESSIVE D'UN PEU DE BLEU MÉLANGÉ AU MARC DE CAFÉ POUR Y VOIR PLUS CLAIR DANS UN RAYONNAGE DE PRODUITS BIEN ÉTIQUETÉS.


Tout ça pour dire que Jules™ a ressorti ses pinceaux pour accompagner la plume de Néon™. Un atelier tout neuf, mais bien planqué dans un grenier loin de Paris. Un truc bien éclairé, mais discret pour ne pas trop déranger les habitudes des gens, leurs manières de coller des étiquettes partout pour être bien sûrs de ne rien avoir à payer en supplément. Des étiquettes pour empêcher les mouvements latéraux, les chorégraphies acrobatiques au-dessus d'un tas de préjugés, les enjambées incertaines sur l'écume d'une mer débordée.


ENCRE ET ACRYLIQUE SUR PAPIER - 50X70 cm

ENCRE ET ACRYLIQUE SUR PAPIER - 50X70 cm

ENCRE ET ACRYLIQUE SUR PAPIER - 50X70 cm

Une grille en fer forgé, le plan d'une ferronnerie d’art. une porte d'entrée avec une serrure difficile à forcer. L'idée de tout ce qu'on voudrait cacher derrière d’un peu privé. Tout ce qu'on accepte de laisser rentrer pour renouveler l'air intime, et tout ce qu'on empêche de laisser sortir par peur de manquer. Un morceau de ciel bleu croqué par un serrurier. Un ouvrier habile, un manœuvre de grande classe... rompu à l’exercice laborieux du graissage, la lubrification des portes ouvertes. Un métallier d’exception, son talent pour les soudures à l'argent (une idée pour se souvenir du type de colle qui unit les gens bien planqués derrière leurs portes blindées, leurs sas de sécurité).


"LES MOTS BLEUS"
ENCRE ET CAFÉ SUR PAPIER KRAFT SCANNÉ AVEC MONTAGE DIGITAL - 18X25 cm



Elle... et son prix à payer. Le noir un peu sombre, son côté enfermée dans son rôle. Tout ce qu'elle cherche à lui plaire au lieu de s’occuper d'un peu de bleus qui lui ravagent les yeux.



BOIS, CORDE ACRYLIQUE ET VINYLE SUR TOILE - 50X70

« L'arbre aux étiquettes ». Le projet d'une forêt entière de cotations suspendues dans la gamme des bleus foncés, L’estimation d’un honnête arbre pour la couleur qui lui tombe du ciel. Le prix cramponné à ses branches pour se souvenir de tout ce qu’il lui reste à rembourser. Une plante verte bien étiquetée. Un arbre de Jessé, un coudrier aux pouvoirs limités... l'histoire d'un murier dans son maquis carbonisé.


Jules™ est une marque déposée de Néon™

mardi 1 avril 2008

NÉON™ ET AMÉLIE GUILLOT


ENQUÊTE


"JE LES RETROUVERAI"
CATHERINE EME-ZIRI / ÉDITIONS FAVRE

La librairie Camponovo à Besançon accueille L’auteur pour une discussion autour de son livre le mardi 8 avril à 20H.



« Elle avait laissé le portable dans la voiture. Il indiquait qu’il y avait un message. « C’est fini. On a arrêté François Thorez à Madrid. Nous avons récupéré vos filles. » (...) Le 31 janvier 1999, son ex-mari avait enlevé Margaux, deux ans et demi, et Blanche, sept mois. Tous les trois avaient disparu à l’étranger. Tout ce temps pour les retrouver... Huit ans et demi sans nouvelle d’elles. Huit ans et demi pour enfin les retrouver. »
Extraits de la première page du livre "Je les retrouverai"


café Gijón - Madrid


EN PRÉAMBULE À LA DISCUSSION...

C’était un dimanche. Ou pour être très précis, le dimanche 2 octobre 2007 vers la fin de l’après-midi. Madrid... un temps idéal pour aller flâner sous les arbousiers du parc del Retiro. D’abord un taxi depuis l’aéroport Barajas. Une chambre d’hôtel dans le quartier Alonso Martínez, l’adresse barricadée du juge Baltazar Garzon. Dix carabiniers en faction devant le sas d’entrée. Autant de flics en civil. Des tas de gens dans les bars autorisés à fumer. C’est ce jour-là, à cet endroit précis que l’on s’est rencontré la première fois. Amélie... Elle était seule, marchait comme une ombre dans les interstices du papier peint, Un hôtel exécrable. Amélie parlait peu, souriait beaucoup en conjuguant des phrases au futur le plus proche. « Je les verrai demain ». J’avais d’abord hésité à mettre en route ma caméra pour enregistrer ses premières syllabes. Ses yeux... bleus, grands ouverts, immenses comme un continent ; toute la force d’une mère qui coulait dedans. Toute l’impudeur, l’indécence d’un objectif braqué sur la profondeur intime des gens. Je vous raconte-là ma première impression très nette d’une femme, dont le destin s’était brisé huit ans et demi plus tôt. « 3123 jours sans ses filles »... Elle avait compté chaque jour, du matin jusqu’au soir et sans omettre de noter une seule seconde. Mon histoire avec Amélie Guillot fut brève, à peine une ligne dans le livre de Catherine... Bornée à ma mission de reporter de télévision. Un sujet à rendre, un aller-retour à Madrid par l’avion du soir pour l’édition du lendemain. Une simple rencontre « professionnelle », une interview rapide ; une bousculade. (Ne pas oublier les larmes... l’instant décisif en plan serré, bouleversant. Ne pas oublier la couleur du décor espagnol, derrière les larmes pour les « situer » dans l’ambiance caractéristique du café Gijón. Ne pas oublier de faire semblant de « couper » pour pas trop gêner les silences diaphanes). Je me suis contenté de pointer, de mitrailler la tour Picasso pour faire diversion. Un plan fixe de la Plaza de Colón avant de trouver la bonne lumière à la terrasse d’un café art déco. Elle, Amélie Guillot, héroïne malgré elle. Météorite de JT, tout ce qu’elle aurait préféré se taire devant ces sortes d’engins médiatiques aux gros bras, la mécanique pesante d’un grand spectacle d’actualité. Amélie. Piquée sous la focale siglée d’une grande chaîne de télévision. Deux minutes quinze dans un journal pour en découdre avec le rapport des masses et les formes abstraites du sentiment humain. Margaux et Blanche... des détails « sensationnels » dans la profondeur de champ intrusive d’une douleur intime. L’histoire d’un kidnapping dans le coma éthylique d’une revue de presse dans sa version « machinale, automatique ». Tout le contraire d’un bon livre ! L’exercice de l’âme, l’exercice vulnérable de l’Auteur face à la réalité des faits, de tous les faits... Et je veux dire par là, de l’ensemble des fragments d’humanité sensible à déconstruire, des écorchures ; des fleuves d’opacité intérieure à pénétrer. « L’Auteure » (J’ai vu ses yeux dans l’enceinte d’un tribunal de campagne). C’était moins de deux mois après mon expédition madrilène conduite par son propre mari, reporter lui aussi. Thorez, « le monstre », présenté devant le tribunal de Dôle. Sa suffisance, son arrogance ; Thorez coupable, mais sans le moindre remord... Suite et fin du feuilleton sur France 3. Un « direct » dans le 19/20. La lumière d’un soir sibérien d’octobre en contre jour d’un point de vue bon marché sur l’affaire qui « défraye la chronique », un raccourci énergique sans archéologie. Défilé d’images en mode « visible ». des corps en morceaux, François Thorez d’un côté, Amélie de l’autre. Langage binaire. Miroir glacial du procédé narratif exclusif. « Elle » était là, assise sur un banc, celui du public ; prêtant l’oreille au grand cirque judiciaire avec son carnet de notes sur les genoux. À force, l’affaire était devenue « son » affaire. Elle ; journaliste grand reporter, une mère aussi... L’affaire d’une mère face à une autre mère dans l’enceinte d’un tribunal engrossé par cette sordide intrigue d’un père voleur d’enfants. Tout se termine ici... Deux ans d’enquête, deux ans pour comprendre, l’impensable, l’incompréhensible ; et pas une minute de moins. Deux ans... À force, Je crois qu’Amélie et Catherine sont devenues des amies. C'est ce que d'aucuns lui reprocheront sans doute ; L'amitié comme un point de vue qui subordonne l'objectivité d'une enquête, son impartialité. Oui, sauf que l'auteure en question n'est pas juge, qu'elle n'est pas commissaire de police ni même le brigadier chef d'une quelconque entreprise spécialisée dans la fouille au corps, les lampes un peu fortes dans la gueule des gens. Un auteur... Pas un petit caporal, un petit maton de l'information engagé pour faire le tri dans l'actualité sans connaître un seul vers de Verlaine. Un petit curé qui prie Dieu pour se protéger des archanges diaboliques.
Néon™



CATHERINE EME-ZIRI EST JOURNALISTE A FRANCE 3 FRANCHE-COMTÉ. ELLE EST ÉGALEMENT L'AUTEUR D'UNE BIOGRAPHIE DE PAULETTE GUINCHARD-KUNSTLER, SECRÉTAIRE D'ÉTAT AUX PERSONNES ÂGÉES DE LIONNEL JOSPIN.

ANNA A. / II



LES SUCRERIES LITTÉRAIRES D'ANNA A.

Elle n'a pas encore vingt ans. Néon™ vous propose de la lire... Des textes courts qui passent par la tête d'une jeune fille sur la vie qui va, sa vie à elle. Quelques lignes de temps en temps, à déguster comme une douceur. Un caramel, une pomme d'amour... Bref ! de la littérature comme un peu de miel au rayon confiserie de la librairie de Néon™.

II / La pastèque

Un parfum d’été sur le marché, les chemises blanches presque transparentes tourbillonnent, les visages sont bronzés et souriants. Lorsque soudain, on réalise que l’on a oublié la pastèque. On se rapproche donc d’un étalage et l’on soupèse en connaisseur, convaincu que ce moment est crucial, que c’est lui qui va déterminer le plaisir que l’on aura à déguster l’énorme boule colorée. Finalement on trouve La pastèque, celle qui va apaiser les bouffées de chaleur, celle que l’on va d’abord presser entre sa langue et son palais pour en aspirer tout le jus, celle dont on peut suivre le trajet de la moindre bouchée, voire même gorgée depuis les lèvres jusqu’au ventre et qui laisse dans tout le corps une sensation de fraîcheur. Arrivé chez soi, on s’empare d’un large couteau de cuisine que l’on enfonce d’abord tout en haut au niveau de la queue, le vert tropical se fendille et laisse entrevoir un rose fuchsia presqu’artificiel, on en fait des tranches en suivant les lignes puis, une fois à table on ne sait comment s’y prendre. D’abord, on prend son couteau et on enlève les pépins noirs, puis on enfonce sa fourchette et tente vainement de couper des petits morceaux pour faire bonne figure devant les enfants… Mais, ne résistant plus au supplice que représente ce jus rose pâle qui envahit l’assiette, on s’en saisit à pleine main et la porte jusqu’à ses lèvres, le jus dégouline alors jusque dans le cou, tout le monde rit. Enfin, alors que l’on avait la sensation d’avoir pris la plus grosse part, il ne reste plus rien, on a toujours aussi faim, c’est dans son caractère déceptif que la pastèque se rapproche de la barbe à papa et c’est sans doute pour ça que les enfants ne s’en lassent pas, de la pastèque à papa.
Anna A.